Aux frontières des espèces

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Aux frontières des espèces

Frontière·s, Revue d'Archéologie, Histoire & Histoire de l'Art

Appel à contributions
Date limite : 20 décembre 2022

 

Coordination : Jérémy Clément (Université Paris Nanterre) et Mathieu Engerbeaud (Aix-Marseille Université)

Les mythologies grecques et romaine sont peuplées de créatures hybrides empruntant des caractéristiques physiques aux êtres humains et aux animaux, comme en témoignent les exemples connus du sphinx, du faune ou encore du Minotaure.
Ces hybridations imaginaires transgressent la frontière perméable qui sépare les êtres humains des animaux. Si l'affirmation de l'exceptionnalité humaine permet progressivement à la philosophie grecque d'élever et d'isoler l'homme au sein du règne animal, il n'en demeure pas moins que la littérature, l'ethnographie et la zoologie antiques et médiévales ont continué d'interroger la frontière interspécifique non comme une dissociation radicale, mais comme une limite poreuse, une zone grise aux multiples gradients d'humanité et d'animalité, dont l'hybridité mythologique n'est que l'une des manifestations.
Pour ce huitième numéro, les auteur·rice·s sont notamment invité·e·s à s'interroger sur ces frontières entre les espèces animales non humaines, mais aussi celle qui existe entre celles-ci et l'espèce humaine, ce qui laisse plusieurs manières de s'emparer du sujet.

Dans le sillage des Mixanthrôpoi d'Emma Aston (2011), on pourra poursuivre une réflexion sur le rôle des créatures hybrides pour penser la frontière (ou la perméabilité de la frontière) entre humains et animaux.
Les croisements entre espèces animales, qu'ils soient réels – et connus par l'archéozoologie – ou imaginaires, dans les écrits historiques, littéraires et plus généralement dans le processus de création artistique, invitent à réfléchir aux points d'intersection entre les espèces, qui ont fortement nourri l'art, les sciences et les mentalités anciennes.
Par ailleurs, on sait que les phénomènes de transferts et de projections interspécifiques jouent un rôle important dans la construction des savoirs ethnographiques et zoologiques anciennes. La caractérisation des animaux exotiques par des zoonymes composés (la girafe, camelopardalis) en est l'exemple le plus connu.
À l'inverse, les zoologies antique et médiévale ont facilement accepté, pour comprendre les comportements animaliers, de projeter sur eux une grille d'analyse anthropocentrique dans le domaine des sentiments exprimés, de l'intelligence, de l'organisation sociale et même des pratiques culturelles, comme les éléphants, auxquels on attribuait des pratiques religieuses dans l'Antiquité. L'humanisation de certaines espèces relève-t-elle seulement d'une logique cognitive ou peut-elle être parfois le reflet d'une cohabitation anthropozoologique ayant permis à certains individus non humains d'être plus ou moins intégrés dans les sociétés humaines ? À cet égard, les auteurs pourront éventuellement mobiliser les sources archéologiques pour mettre en évidence les traces matérielles de cette proximité interspécifique.

Calendrier
20 décembre 2022 : date limite de soumission des articles complets
Juin 2023 : parution du numéro

 

Organisation : Jérémy Clément (Université Paris Nanterre) et Mathieu Engerbeaud (Aix-Marseille Université)
Contact : revue.frontiere-s[at]cnrs.fr

Source : Frontière·s, Revue d'Archéologie, Histoire & Histoire de l'Art