S. Dugast, D. Jaillard et I. Manfrini (éd.), Agalma, ou les figurations de l'invisible

Envoyer Imprimer

agalma.jpg

Stéphan Dugast, Dominique Jaillard et Ivonne Manfrini (éd.), Agalma, ou les figurations de l'invisible, Grenoble, 2021.

Éditeur : Jérôme Millon
Collection : Horos
480 pages
ISBN : 978-2-84137-395-6
37 euros

Généralement traduit par « statue », entre autre sous l'effet d'une cristallisation sémantique propre à l'histoire de la langue grecque, le terme agalma, dans ses usages antiques, recouvre des réalités infiniment plus variées, telles l'offrande votive (quelle qu'en soit la forme, parfois des poèmes), des objets de prestige, voire des êtres vivants. Dès lors qu'on ne considère plus l'agalma comme une image, une représentation, il apparaît comme « autre chose » qui échappe et résiste à la compréhension, quand bien même il est en rapport avec du figuratif. Du réexamen du dossier antique, il ressort que l'agalma opère de manière privilégiée dans le registre du relationnel, du transitionnel. C'est à ce titre qu'il devient un outil heuristique fécond pour mener une réflexion comparatiste et critique qui évite de réduire la notion de figuration à l'anthropomorphisme et au mimétisme.


En restituant la polymorphie des supports des fonctions agalmatiques, le volume « Agalma ou les figurations de l'invisible. Approches comparées » entend mettre en place un dialogue comparatiste de type contrastif, expérimental et constructif, au plus loin de l'analogisme, à partir de la microanalyse de sources (interagissant ou non avec l'observateur selon qu'il est anthropologue ou historien) qui restituent séquences rituelles, objets et « textes », inscrits dans des espaces aussi différents que l'Afrique sub-saharienne, l'Amérique précolombienne, la Chine des marges, l'Europe moderne et contemporaine, l'Inde védique, la Méditerranée et le Proche-Orient antiques.

L'analyse porte notamment sur les dispositifs, à savoir l'ensemble des éléments et des conditions qui concourent à la fabrication d'un objet rituel, d'une entité, d'une puissance, qui sont des vecteurs de relation entre visible et invisible. Autant d'assemblages ou de montages dont il importe de saisir le feuilletage, la dimension relationnelle et processuelle, ainsi que la capacité de donner à voir.

Le questionnement des notions d'anthropomorphisme, d'idole et de fétiche, débouche sur une réflexion plus générale sur la figuration et la représentation, comme relation au divin et à l'invisible, considéré en rapport à la matérialité, à la mise en présence et aux dispositifs rituels.

 

 

Source : millon.fr